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Tatzu Nishi

Tatzu Nishi est à la fois un visionnaire utopiste et un subtil observateur de l’existant architectural et urbanistique : « mes œuvres les plus connues sont celles qui consistent à aménager un espace de vie autour des monuments. Je crée des extensions sur ce qui existe déjà, je façonne un environnement temporaire et habitable autour d’un monument ou d’une sculpture, normalement inaccessible. J’aime cette idée d’espace public qui devient un espace privé et vice versa. Car l’espace privé que je crée est public puisqu’il se visite. »

Qu’il s’attaque au mobilier urbain, aux sculptures ornementales des jardins publics, aux drapeaux qui flottent sur la façade des bâtiments administratifs ou aux flèches des cathédrales, Nishi requalifie des objets que nous rencontrons tous les jours mais que nous ne détaillons jamais, soit parce qu’ils restent hors d’atteinte de nos regards, soit parce qu’ils font partie des meubles, frappés d’invisibilité par la force de l’habitude. Il désacralise parfois les icônes, lorsqu’il greffe autour d’un tableau de Picasso un séjour-cuisine un peu moche, ou qu’il fait surgir Dieu du lit d’une chambre d’hôtel. Ailleurs, il redonne une valeur design à cinq lampadaires de rue géants, qui transpercent tête en bas le toit d’une galerie pour devenir chandelier industriel affecté à l’éclairage intérieur de l’exposition.

Sur un mode souvent léger, qui reprend le vocabulaire du chantier (algéco, échafaudages, coffrages éphémères), Tatzu Nishi invente ainsi une méthodologie critique d’appropriation des signes du pouvoir. La détermination, la production et la situation des monuments, sculptures ou accessoires urbains sont des décisions imposées par un pouvoir. Quelle que soit cette instance supérieure (l’Église, l’histoire de l’art ou une municipalité), elle énonce des diktats que Nishi s’ingénie à bouleverser. Modifiant les circulations et les contextes, il propose une nouvelle visibilité esthétique à des objets qu’il restitue par là même au public, les transformant peut-être en monuments plus justes.
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www.tatzunishi.net
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Photo © Stéphane Bellanger
Portrait © Éva Prouteau – Revue 303 n° 106, “Estuaire, le paysage l’art et le fleuve”, 2009


POUR ESTUAIRE, TATZU NISHI SIGNE VILLA CHEMINÉE