Formé à la ferronnerie dans les ateliers d’Émile Robert à Enghien, jean Prouvé quitte rapidement le champ d’application traditionnelle pour se rapprocher des logiques de l’architecture et de l’industrie.
Il crée sa propre entreprise au début des années 30. Après la Seconde Guerre mondiale, il installe ses ateliers à Maxeville, en banlieue de Nancy, et poursuit ses recherches sur l’habitat industriel, le mobilier et le préfabriqué. Là, il met en place des chaînes de productions et se lance dans la fabrication de maisons légères. En 1950, le ministère de la Reconstruction lui commande douze maisons industrialisées qui seront montées à Meudon. Ce qui devait être le prélude d’une commande importante restera sans suite car la construction s’avère onéreuse. Malgré tout, Jean Prouvé poursuit tout un travail dans ce sens et étudie les possibilités offertes par les matériaux comme l’acier, la tôle et l’aluminium.
Inventeur humaniste – voire utopiste – il rêve de construire de grands ensembles et de « fabriquer une maison comme une automobile ». Pour lui, appliquer des logiques industrielles – fabrication d’éléments standardisés, modulables et produits en série – permettrait de construire rapidement et à moindre coût tout en offrant de meilleures conditions de travail aux ouvriers. Jean Prouvé se heurte à une résistance farouche des pouvoirs publics, des organismes de contrôle technique du bâtiment, et de certains architectes.
Parmi les réalisations « prototypes » de l’architecte :
La maison tropicale. Module destiné à pallier au manque d’infrastructures dans le territoire colonial français en Afrique qui peut être expédié par avion cargo et monté sur place en deux semaines.
La maison des jours meilleurs. Projet d’un logement économique d’une superficie de 52 m² avec 2 chambres et une pièce plurifonctionnelle, dont la construction pourrait être lancée rapidement et en grand nombre. Demande émanant de l’Abbé Pierre. Faute d’agréments officiels, ces constructions novatrices resteront des prototypes.
L’esthétique particulière qui se dégage des réalisations de Jean Prouvé vient ainsi directement d’une logique constructive. Il utilise la performance de la matière pour réaliser des objets qui seront d’abord solides et peu coûteux. C’est l’utilité qui détermine la forme. Ses créations, conçues très souvent pour des collectivités (tables et chaises d’écoliers par exemple) ou dans l’urgence de la reconstruction d’après-guerre, font aujourd’hui partie des pièces les plus cotées du design du 20e siècle.
INTEGRÉE AU PARCOURS ESTUAIRE, LA STATION PROUVÉ DE JEAN PROUVÉ